Edito de l’abbé Benoît Paul-Joseph, supérieur du District de France, paru dans la Lettre aux Amis n°105 du mois de décembre 2020
Joie neuve
Chers amis et bienfaiteurs
Tel un cycle immuable, le calendrier liturgique nous achemine à nouveau vers le temps de l’Avent qui déjà annonce celui de Noël. Ces deux périodes sont marquées par la joie, mais avec une couleur propre liée aux commencements : la joie de Noël est la joie des débuts, une joie neuve, revêtue d’un certain émerveillement. Habituellement les premiers instants de joie ou de bonheur souffrent de deux limites : ils sont fugaces et précaires, car appelés, pour perdurer, à s’approfondir. Ce faisant ils perdent, au fil du temps, l’exaltation liée aux commencements. Il en est ainsi de la vie amoureuse, sans que cela représente d’ailleurs une diminution de l’affection ni de la joie qui y sont liées : l’émerveillement diminue au fur et à mesure que l’attachement s’affermit. Ainsi l’enthousiasme un peu fragile des fiancés s’efface petit à petit pour laisser place à un amour plus solide et plus vrai. Mais la joie de Noël déjoue la loi qui gouverne habituellement l’amour humain puisqu’elle reste indéfectiblement marquée par ce ravissement et cet éclat qui caractérisent la joie des débuts, sans que cela signifie un manque de maturité ou de profondeur. De façon pérenne, la joie de Noël est une joie nouvelle qui n’est ni fragile ni superficielle, mais singulièrement profonde et solide, car éclairée par l’amour inextinguible du Sauveur. Ainsi, tous les ans, la liturgie de l’Eglise rajeunit nos âmes par la contemplation renouvelée du mystère de l’Incarnation, où Dieu lui-même prend l’initiative de venir nous sauver. C’est cette joie invariablement neuve, que nous demandons au début de la messe, lors des prières au bas de l’autel, « ad Deum qui lætificat juventutem meam, au Dieu qui réjouit ma jeunesse ».