La communion spirituelle
La « Communion de Désir » est certainement, de tous les moyens de perfection, à la fois l’un des plus puissants et des plus faciles, et aussi le plus ignoré. Ce qui arrachait cette plainte à saint Léonard de Port-Maurice : « Ô salutaire Communion Spirituelle ! Trésor caché et connu de bien peu de chrétiens… Autant Vous êtes précieuse, autant Vous êtes peu connue, et surtout peu pratiquée des chrétiens de nos jours ! »
Quand on relit toutes les recommandations qui ont été faites sur ce sujet, non seulement par les Docteurs et les Saints, mais encore ne serait-ce que par le Concile de Trente ou le Pape Pie XII, on est frappé de cette négligence générale pour une pratique de dévotion si fructueuse. A l’occasion de l’épidémie que nous traversons, nous entendons de nouveau parler de cette belle dévotion. Rappelons aussi que l’on n’est jamais obligé de communier sacramentalement à la messe, et tout particulièrement lorsque l’on ne se trouve pas dans les dispositions requises.
I- Qu’est-ce que la communion spirituelle ?
La communion spirituelle désigne l’union de l’âme à Jésus-Eucharistie, réalisée non par la réception du sacrement, mais par le désir de cette réception.
« Elle consiste dans un ardent désir de se nourrir du Pain céleste, avec une foi vive qui agit par la charité et qui nous rend participants des fruits et des grâces du Sacrement » (Concile de Trente, Session XIII, ch. 8).
II- Quels éléments comporte la communion spirituelle ?
Elle est constituée essentiellement par un désir.
Avec sa précision habituelle, saint Thomas affirme que l’effet du sacrement peut être réalisé dans l’âme, même si l’on reçoit l’Eucharistie seulement en désir, comme c’est le cas dans la communion spirituelle.
C’est aussi ce que dit saint François de Sales : « quand vous ne pourrez pas avoir ce bien de communier réellement à la Sainte Messe, communiez au moins de cœur et d’esprit, vous unissant par un ardent désir à cette chair vivifiante du Sauveur » (Introduction à la vie dévote, chap. 21).
C’est un désir explicite du sacrement, inspiré par la charité.
La communion spirituelle requiert l’état de grâce et nous verrons les conséquences de cette condition pour les effets de la communion spirituelle.
Quant aux dispositions qu’implique cette foi vive, cette charité, dont parle le concile de Trente, ce sont celles qui sont indiquées ci-dessous et dont les formules remplissent les livres de piété sous la rubrique : « actes avant et après la communion »
III- La valeur de la communion spirituelle repose sur deux principes
Premier principe : la foi en la présence du Christ dans l’Eucharistie comme source de vie, d’amour et d’unité.
On ne peut bien comprendre le désir de l’Eucharistie, si on n’accepte pas le principe de la valeur sanctifiante de l’Eucharistie : c’est parce que l’on croit à la présence réelle et vivifiante du Christ dans l’Eucharistie, qu’on désire recevoir le sacrement.
C’est parce que l’on croit au caractère spécial de ce sacrement, qui est d’augmenter la vie de la grâce, d’intensifier la charité, de fortifier l’unité qui nous lie au Corps Mystique, que l’on désire cette union au Christ.
C’est parce que l’Eucharistie, selon la promesse de Notre-Seigneur, est le pain de l’âme, un aliment de vie, une nourriture spirituelle, que l’on veut effectivement s’en nourrir. Toute la liturgie eucharistique, en nous rappelant cette pensée, nous invite à y voir le caractère propre du sacrement.
Deuxième principe : l’efficacité du désir peut suppléer l’acte sacramentel.
C’est un principe admis par les théologiens qu’en beaucoup de cas le désir supplée l’acte, quand celui-ci ne peut être accompli en lui-même. Par le désir, la communion est en quelque sorte accomplie ; sans doute elle ne l’est pas matériellement mais le désir atteint la réalité sans passer par le signe sacramentel.
Ainsi, celui qui tend vers la vie du Christ dans l’Eucharistie la trouve, car le Christ ne manque pas à ceux qui le cherchent.
IV- Quels sont les effets de la communion spirituelle ?
Les effets produits sont de même nature que dans la communion eucharistique, donc augmentation de la grâce sanctifiante, grâces d’amour, de vie, de pureté, d’unité.
On rapporte de sainte Angèle de Mérici que lorsqu’on lui interdisait la communion de chaque jour, elle y suppléait par de fréquentes communions spirituelles à la Messe, et elle se sentait parfois inondée de grâces semblables à celles qu’elle aurait reçues si elle avait communié sous les espèces sacramentelles.
Ces effets peuvent être supérieurs à ceux qui sont produits dans la communion sacramentelle, si les dispositions sont très pures.
« Il peut arriver que vous fassiez cette communion spirituelle avec une telle ferveur, que vous méritiez au moins autant de grâces qu’on en obtient par la communion sacramentelle »(vénérable Louis Dupont).
Rappelons enfin que la communion spirituelle pour être fructueuse requiert l’état de grâce.
V- Comment la communion spirituelle doit-elle être pratiquée ?
Les actes de la communion spirituelle sont du même ordre que ceux qui précèdent, accompagnent et suivent la communion sacramentelle.
Ils sont bien décrits dans ce texte : « toute personne pieuse doit d’abord concevoir un sincère repentir de ses péchés et purifier par cette douleur le tabernacle de son cœur, où elle désire recevoir et faire reposer le divin Sauveur. Ensuite elle fera un acte de foi vive sur la présence réelle de Jésus-Christ dans cet auguste mystère. Puis elle considérera la grandeur et la majesté de ce Dieu caché sous le voile des saintes espèces : qu’elle réfléchisse à l’amour immense, à la grande bonté avec lesquels il désire s’unir à nous ; qu’elle jette aussi ses regards sur sa faiblesse et sa propre misère.
Après ces considérations elle doit faire des actes d’humilité et de désir : d’humilité, à la vue de sa propre indignité ; de désir, à cause de l’amabilité infinie de Dieu.
Enfin, puisqu’il ne lui est pas donné de s’unir à son bon Sauveur par la réception réelle de l’eucharistie, qu’elle s’en approche en esprit et s’unisse à lui par le doux lien d’un amour paisible et tranquille.
Elle terminera la communion spirituelle en remerciant et en louant le Seigneur ; car, quoique Jésus-Christ ne soit pas descendu sacramentellement dans son cœur, il était cependant bien disposé à cette union d’amour et la désirait avec toute l’ardeur de la charité. Elle lui demandera donc les grâces dont elle se reconnait indigne, et s’appliquera sérieusement à produire les actes qu’elle a coutume de faire après la réception de cette nourriture divine » (Scaramelli, Méthode de direction spirituelle).
Prière de saint Alphonse de Liguori pour la communion spirituelle.
Mon Dieu, je crois que vous êtes présent dans le Très-Saint- Sacrement. Je vous aime par-dessus toutes choses et mon âme soupire après vous. Puisque je ne puis maintenant vous recevoir dans le Saint-Sacrement, venez au moins d’une manière spirituelle dans mon cœur. Je vous embrasse comme si vous étiez en moi et je m’unis entièrement à vous ; oh ! ne permettez point que je ne me sépare jamais de vous ! O Jésus, mon souverain Bien et mon doux Amour, blessez et enflammez mon cœur afin qu’il brûle toujours de votre amour.